Bruxelles, 16/05/2012
La version prononcée fait foi
Présidente, délégués,
Je suis heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour célébrer la naissance de la Fédération européenne des travailleurs de l'industrie.
C'est un événement important pour vous, un événement historique marquant dans notre histoire syndicale commune.
Etre uni, c'est avoir plus de force, et donc plus d'influence. Etre uni c'est avoir la possibilité de mieux défendre ceux et celles que vous représentez dans le textile, la métallurgie, la chimie.
Etre uni, c'est avoir plus de force, et donc plus d'influence. Etre uni c'est avoir la possibilité de mieux défendre ceux et celles que vous représentez dans le textile, la métallurgie, la chimie.
Cette nouvelle fédération nous donne un signal fort.
L’industrie est un moteur de l’économie, un moteur pour l’emploi dans l’industrie, bien sûr, mais aussi un moteur de l'emploi dans les services. Il y a un an, avant de prendre mes fonctions comme Secrétaire générale de la CES, j’étais Secrétaire de la fédération européenne des services, et je sais combien les emplois dans l’industrie et dans les services sont liés.
Nous sommes tous dans le même bateau.
Presidente,
Au cœur de l’action de la CES aujourd’hui, il y a essentiellement l’emploi, et la défense du modèle social européen.
Depuis plus de trois ans, nous vivons, en Europe une crise financière, économique et sociale. Son ampleur est telle que le projet européen en est affecté.
Depuis plus de trois ans, nous fonctionnons sur le mode « austérité », et « discipline budgétaire », c'est, nous a-t-on dit, la condition pour « redonner la confiance aux marchés » et augmenter la compétitivité.
Cette austérité s'est immédiatement traduite dans de nombreux pays par une forte pression sur les salaires, une attaque sur la protection sociale et les services publics et par des initiatives pour affaiblir la négociation.
C’est dans cette optique que le traité budgétaire a été proposé. Dans la seule perspective de la rigueur et de l’austérité.
La CES est opposée à ce traité et nous l’avons fait clairement savoir.
Mais au lieu de la croissance que ces mesures étaient supposées nous apporter, l’Europe s’enfonce dans la crise. De nombreux pays sont en récession ou ont une croissance extrêmement faible. Le chômage atteint des niveaux insupportables. Certains pays connaissent des situations dramatiques. Je pense notamment à nos amis grecs.
La situation en Grèce se dégrade. Nous sommes le dos au mur.
Nous avons toujours témoigné notre solidarité à nos organisations affiliées et à la population grecque. Et nous continuerons à le faire.
La Grèce est dans la tourmente mais ce n’est pas le seul pays.
L’ Espagne vit également des heures très difficiles. Le nombre de chômeurs y est accablant notamment parmi les jeunes.
Il n'y a pas que la Grèce ou l'Espagne. Croire que l’Irlande ou le Portugal soient sortis de l’auberge est un leurre. Quant à l’Italie, la troisième économie européenne, la situation est, là aussi, très tangente.
Après la Grèce le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et l'Italie, à qui le tour ?
L’austérité est un échec économique, mais c'est aussi un échec politique. Un pays n’est pas un problème d’économie appliquée. La population, naturellement, réagit à des mesures qu’elle ressent, à juste titre, comme injustes.
Cela s’est traduit dans les urnes à l’occasion d’élections récentes. De nombreux électeurs ont dit « stop » à cette austérité et à ceux qui la mettent en œuvre.
Dans certains cas, malheureusement, le verdict des urnes a renforcé le nationalisme, et le populisme. Nous, organisation syndicale européenne, rejetons très nettement le renfermement nationaliste qui nourrit la xénophobie et le racisme.
Nous ne sommes pas de ce bord. Nous ne sommes pas de ceux qui veulent mettre fin au projet européen, à ses acquis et à ce qui lui reste à construire.
Présidente,
La politique économique menée ces dernières années a échoué, comme nous l'avions prédit.
Un échec aussi patent a provoqué un changement de tonalité dans les discours européens.
En quelques petites semaines, on est passé du besoin d’austérité au besoin de croissance.
En quelques petites semaines, on est passé du besoin d’austérité au besoin de croissance.
Chacun a contribué à ce changement de ton. Tout d’abord, le Président de la Banque centrale européenne.
Le Président de la Commission européenne, M. Barroso, lui a emboîté le pas.
Suivi par le Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, qui a convoqué, un sommet informel pour la croissance, le 23 mai prochain.
Mme Merkel et son Ministre des finances Schaüble, ministre des finances allemand, ont également publié que l’Allemagne disait " oui à la croissance ».
Il faut dire aussi qu'un changement de certains rapports de forces politiques en Europe, notamment en France, a provoqué un débat qui traverse tous les pays européens.
Alors que se passe t-il ?
Aurait-on enfin écouté la CES? Nous qui avons, depuis le début, dénoncé l’austérité comme planche de salut?
Soyons prudents avec ce soudain revirement de situation.
Si tous parlent de croissance, les propositions pour la relancer s’opposent.
Les nouveaux adeptes de la croissance plaident en faveur d’une croissance par des réformes structurelles. Ces réformes ne sont rien qu'un autre terme pour plus de déréglementation, plus de flexibilité, pour une pression à la baisse sur les salaires, pour moins de services publics, en somme pour plus de précarité.
Les réformes structurelles, c’est encore réduire, quand ce n’est pas détruire, la protection sociale dont nous pouvons être fiers.
La CES dénonce fermement cette approche.
La croissance que nous prônons est toute autre.
Nous voulons une relance par l’investissement pour soutenir la politique industrielle européenne que vous ici représentez.
La croissance que nous prônons est toute autre.
Nous voulons une relance par l’investissement pour soutenir la politique industrielle européenne que vous ici représentez.
Des secteurs sont porteurs d’emplois dans l’industrie, dans le domaine de l’énergie, dans les technologies de pointe. Ils doivent être encouragés et renforcés.
Des savoir-faire existent et peuvent être soutenus par des politiques d’innovation et de recherche. Bref, l’économie doit être stimulée pour que la croissance soit au rendez-vous et que ce soit une croissance soutenable.
Nous voulons aussi une relance par les hausses salariales, en particulier là où la modération salariale a considérablement ralenti la demande intérieure.
En particulier, mais pas uniquement, bien sûr, en Allemagne. Nous savons, bien sûr, que le résultat de négociations salariales en Allemagne a un impact considérable bien au-delà des frontières de ce pays.
Nous pensons aussi que la confiance ne reviendra - et avec elle la croissance - que si la banque centrale joue son rôle de garant de la monnaie commune, aujourd’hui centrale au projet européen.
La croissance peut être également soutenue par de nouvelles sources de financement comme une taxe sur les transactions financières ; des euro-obligations qui financeraient des projets d’infrastructure ; une utilisation plus souple des fonds structurels.
Une augmentation du capital de la banque européenne d’investissement permettrait également de financer des projets porteurs d’emploi.
Enfin, il est essentiel que le secteur financier, les banques soient maîtrisées pour servir l’économie réelle et donc l’emploi, et que la spéculation, l’évasion fiscale et les paradis fiscaux soient combattus.
Présidente, délégués, des lignes ont bougé mais, pour le moment, seulement dans les discours. Nous restons très vigilants pour que ces paroles, ces priorités annoncées soient mises en actes.
Nous serons présents devant le Conseil européen, le jour du Sommet sur la croissance le 23 mai prochain, pour dire la croissance que nous voulons.
Nous comptons sur la présence de la fédération européenne des travailleurs de l'industrie à partir de 17 heures pour un apéro pour la croissance !
Au cours du prochain Comité exécutif nous devrions finaliser notre projet de contrat social pour l’Europe. Ce document doit nous servir de plate-forme d’action pour les prochains mois et les prochaines années.
Je compte bien que votre fédération, qui sera un membre importante de la CES, soit partie prenante de toutes nos initiatives.
Délégués, je vous félicite, je vous souhaite tout le succès possible.
Travaillons ensemble pour une autre Europe, une Europe de la solidarité et du progrès.
Je vous dis à bientôt, sans aucun doute.