Tout au plus 3 à 4 % des quelque 600.000 travailleurs de l’industrie de l’habillement et de la chaussure d’Europe du Sud-Est sont organisés en syndicats. En raison d’une très faible couverture de la négociation collective, les salaires dans certains de ces pays ne dépassent pas 200 € par mois, ce qui est même inférieur à ce que gagnent les travailleurs chinois.
Un projet de deux ans mené par la fédération syndicale IndustriAll et financé par la Commission européenne vise à augmenter l’affiliation syndicale et à développer la négociation collective, tant au niveau de l’entreprise que du secteur tout entier, dans sept pays : Albanie, Bulgarie, Croatie, Macédoine, Monténégro, Roumanie et Serbie.
Un autre objectif est de persuader les grandes marques d’assumer la responsabilité des conditions des travailleurs du secteur. Lors d’une réunion à Istanbul, IndustriAll est parvenu à un accord avec trois marques bien connues – H&M, Inditex (incluant des noms comme Zara et Pull&Bear) et ASOS – pour promouvoir la liberté d’association et la négociation collective. La récente étude d'une ONG critiquait H&M pour n’avoir pas tenu sa promesse de garantir le salaire minimum vital aux travailleurs bulgares pour fin 2018.
Les syndicats de plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Italie ont proposé leur aide pour contacter d’autres grandes marques. « Nous promouvons la croissance économique tout en veillant à favoriser des sociétés plus égalitaires en recherchant, avec des entreprises aux activités durables et les gouvernements, des solutions gagnant-gagnant qui offrent de bonnes conditions aux travailleurs » explique Luc Triangle, Secrétaire général d’IndustriAll Europe. « Les pays d’Europe du Sud-Est doivent développer leur demande intérieure en offrant des salaires liés au coût de la vie. »