Bruxelles, 30/11/2007
Les syndicats européens et leurs homologues des autres parties du monde seront présents en qualité d’observateurs à conférence des Nations-Unies sur le changement climatique qui se tiendra à Bali du 3 au 14 décembre à Bali. La conférence doit décider de l’ouverture des négociations sur un accord mondial global et ambitieux pour la période postérieure à 2012.
Dans sa feuille de route pour la conférence de Bali , la CES insiste sur l’urgence d’une action globale pour lutter contre le changement climatique. « Nous avons dix ans pour inverser la situation », déclare Joël Decaillon, secrétaire confédéral de la CES. « Le changement climatique menace les moyens de subsistance de millions de personnes dans les pays en développement qui, en outre, sont souvent dépourvus de systèmes de protection sociale efficaces. En Europe, comme dans les autres régions développées, des secteurs intensifs en emplois sont déjà affectés par le changement des conditions climatiques. Deux ans après le cyclone Katrina, la situation de milliers de personnes ayant perdu leurs emplois n’a toujours pas été réglée ».
Les syndicats européens souhaitent que les discussions sur le nouvel accord mondial post-Kyoto démarrent très vite. Le nouvel accord, selon la CES, doit être ambitieux, équitable, et intégrer une véritable dimension relative à l’emploi.
La CES insiste pour que les pays développés se fixent un objectif obligatoire de réduction de leurs émissions d’au moins 30% d’ici 2020, tandis que les pays émergents doivent s’engager à maîtriser leurs émissions avec le soutien de la coopération internationale.
La CES revendique également une meilleure articulation entre politiques climatiques et politiques de l’emploi. « Cet aspect a été complètement sous estimé jusqu’ici dans les négociations internationales sur le changement climatique. Or, les changements nécessaires ne se feront pas sans impliquer les travailleurs et leurs représentants, ni sans des politiques visant explicitement à développer les emplois et les qualifications correspondant aux nouveaux biens et services bas-carbone et à gérer les restructurations qui pourraient être déclenchées par une transition rapide vers un économie bas carbone », estime Joël Decaillon.
Dans ce but, la CES propose que le nouvel accord post Kyoto intègre un module relatif à la « transition équitable de l’emploi » comprenant :
- La mise en place d’un fonds largement financé et géré par les pouvoirs publics pour traiter le problème de l’adaptation, avec la consultation de toutes les parties prenantes, y compris les organisations syndicales, pour l’utilisation de ce fonds ;
- Une évaluation systématique, dans le cadre de la négociation avec les partenaires sociaux, des effets potentiels sur l’emploi et les qualifications des effets positifs et négatifs induits par le climat, les mesures d’adaptation et les efforts d’atténuation ;
- La promotion des investissements publics dans les biens et services efficaces en terme d’énergie, comme la rénovation énergétique des logements ou les transports publics, et dans la R&D sur les énergies renouvelables et les technologies propres et efficaces ;
- L’instauration de critères relatifs au respect des normes du travail, sociales et environnementales internationalement reconnues pour l’approbation des projets MDP (mécanisme de développement propre) et MOC (mise en oeuvre conjointe), ceci afin qu’ils contribuent à un travail décent au sens de l’Organisation internationale du travail (OIT) ;
- Des programmes de transition pour les travailleurs déplacés incluant des mesures de conseil et de formation et une assistance financière ;
- La promotion du dialogue social entre employeurs et syndicats sur les conséquences du changement climatique.
La CES souhaite également que la rencontre entre les ministres du commerce sur les questions climatiques qui aura lieu à Bali se penche sur les moyens qui permettraient d’assurer aux industries fortes consommatrices d’énergie des pays qui appliquent le protocole de Kyoto des conditions de concurrence équitable au plan mondial, en l’absence de contraintes carbone équivalentes dans les autres grands pays producteurs.
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Sophie Dupressoir, [email protected], +32 4 73 65 34 23