Hausse des inégalités salariales dans la majorité des pays de l’UE

L’écart de revenus entre les Européens les plus riches et les plus pauvres a augmenté dans une majorité de pays de l’UE au cours des dix dernières années, selon un nouveau rapport qui souligne la nécessité d’une action de l’UE pour mettre fin aux salaires de misère. 



Le rapport intitulé « Unequal Europe » publié aujourd’hui par la CES et son institut de recherche, l’ETUI, montre que les inégalités salariales ont augmenté dans 14 États membres entre 2010 et 2019, notamment en Hongrie, en Espagne et en Belgique. 



Selon les experts à l’origine du rapport, cette situation s’explique par une diminution du pourcentage de travailleurs couverts par une convention collective et par une baisse ou un gel de la valeur relative des salaires minimums.

 

La couverture des négociations collectives a chuté dans 22 des 27 États membres de l’UE depuis 2000 en raison des politiques menées par l’UE et les États membres visant à accroître la précarité de l’emploi.

 

Les inégalités salariales ont augmenté dans 8 des 14 pays où la valeur relative du salaire minimum légal, en pourcentage du salaire médian ou moyen, a diminué ou a été gelée depuis 2010. 



Ces conclusions sont partagées en amont des négociations finales sur le projet de directive européenne relative aux salaires minimums et à la négociation collective, suite au soutien du Parlement européen en faveur d’une action forte pour lutter contre les inégalités salariales croissantes. Une augmentation du salaire minimum réduirait également considérablement l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes.

 

La CES plaide en faveur :



- D’un seuil de décence pour le salaire minimum légal fixé à 60 % du salaire médian et 50 % du salaire moyen dans chaque État membre



- D’une interdiction de financement public pour les entreprises qui refusent de s’engager dans des négociations collectives ou de rompre des accords dans le cadre des mesures visant à étendre le taux de couverture au sein de tous les États membres



- De garanties quant au fait que cette loi n’affectera pas le bon fonctionnement du système de négociation collective en vigueur en Suède et au Danemark 



La Secrétaire générale adjointe de la CES, Esther Lynch, a déclaré à propos des conclusions de ce rapport :



« Il est clair que les politiques menées au niveau européen et national ces dix dernières années ont augmenté les inégalités et ce rapport montre que de nombreux travailleurs sont laissés pour compte. Les PDG peuvent se permettre davantage de produits de luxe alors que des millions de travailleurs peinent à payer leurs factures d’énergie, doivent se contenter de moins de nourriture ou de nourriture de piètre qualité et sont forcés de s’endetter pour payer leur loyer.



« Il n’est guère surprenant que la polarisation sociale et politique se soit accentuée au cours de la dernière décennie.Nous ne pourrions pas être plus éloignés de "l’économie au service des personnes" promise par la Commission européenne.



« Mais ce rapport révèle que les solutions au problème sont aussi claires que son origine : des salaires minimums adéquats sont essentiels pour réduire les inégalités et une négociation collective plus forte est le meilleur moyen d’obtenir des salaires réellement équitables. 



« La directive européenne sur le salaire minimum est l’occasion de corriger les erreurs du passé et de s’assurer que des millions de travailleurs et leurs familles ne vivent plus dans la pauvreté. Les dirigeants européens et nationaux doivent réaliser l’urgence qu’exige la situation exposée dans ce rapport et conclure, dès que possible, les négociations sur une directive forte. »





Notes:



Rapport: Benchmarking Working Europe 2021