Les salaires ne suivent pas la hausse des coûts scolaires

Alors que les enfants rentrent à l’école, les familles en difficulté doivent faire face à un autre problème lié à l’inflation : le coût des fournitures scolaires les plus élémentaires augmente deux fois plus vite que les salaires partout en Europe.



Le prix du matériel scolaire de base tel que stylos, crayons, papier, classeurs, effaceurs, taille-crayons ou ciseaux a en moyenne augmenté de 13% entre les mois de janvier et mai de cette année.



C’est deux fois le rythme auquel la rémunération nominale augmente cette année (6%) et fait suite à une augmentation de 8% intervenue l’année dernière, elle-même déjà deux fois supérieure à celle des salaires. Précédemment, la plus forte hausse du coût des fournitures scolaires était de 1% en 2019.



Dans de nombreux États membres, le prix des manuels scolaires, des vêtements et des chaussures pour enfants ainsi que des calculatrices augmente également plus rapidement que les salaires, mettant ainsi encore plus de pression sur les travailleurs déjà confrontés à la crise du coût de la vie.



États membres de l’UE présentant la plus grande différence d’augmentation entre matériel scolaire de base et salaires

 

  Augmentation du coût des fournitures entre janvier et mai 2023 Augmentation des salaires en 2023
Pays-Bas 22% 6%
Suède 11% 4%
Danemark 15% 5%
Croatie 19% 8%
Espagne 12% 5%
Chypre 14% 6%
Allemagne 13% 6%
Malte 13% 6%
Italie 9% 4%
Estonie 23% 11%
Lituanie 18% 10%
Portugal 12% 6%
France 10% 5%
Grèce 8% 4%

 

Témoignages de parents et d’enseignants



« Le total des dépenses liées à l’école a augmenté d’environ 20% : chaussures, fournitures scolaires, cartable, passage chez le coiffeur, etc. En moyenne, nous parlons d’environ 100 euros par enfant sans compter le coût des vêtements. Il faudra également intervenir dans le coût des excursions scolaires, des photocopies et de divers autres services. Un de mes voisins a dû dépenser 80 euros pour sa fille de quatrième année alors que 50 euros suffisaient encore l’an dernier. »



Audrius Gelžinis, fonctionnaire, Lituanie, Confédération des syndicats de Lituanie



« Les parents et les étudiants sont confrontés à d’importantes difficultés cet automne. L’inflation se fait ressentir à la maison mais aussi à l’école, comme par exemple à la cantine scolaire qui, pour certains enfants, représente le seul repas de la journée. »



« Les enseignants sont également en situation précaire. Cela se traduit par le fait qu’il y a de moins en moins de candidats pour le métier et que le gouvernement organise des entretiens d’embauche visant à recruter des enseignants ne disposant pas des qualifications nécessaires. C’est le modèle Uber appliqué à l’école publique ! »



Marine, enseignante, France, Force Ouvrière



« J’ai une fille qui entre en première secondaire. Selon mes calculs, nous dépenserons environ 320 € rien que pour les manuels scolaires car ils ne sont pas fournis gratuitement. Elle aura en outre besoin de 3 dictionnaires dont le coût pourrait aller jusqu’à 120 € pièce. A cela, il faut encore ajouter les fournitures de base allant des crayons au cartable. Je pense donc que cela nous coûtera entre 600 et 700 € de plus. Il est regrettable que nous ne puissions pas au moins recevoir les manuels scolaires gratuitement comme cela se fait dans d’autres pays. »



Monica Pascuzzi, enseignante dans le secondaire, Lamezia Terme, Italie, UIL



L’analyse des données Eurostat menée par la CES intervient dans un contexte de pauvreté infantile accrue en Europe. Le nombre des moins de 18 ans exposés au risque de pauvreté est passé de 23% à 25% entre 2019 et 2022.



La Confédération européenne des syndicats (CES) plaide en faveur d’augmentations salariales pour faire face à l’augmentation du coût de la vie ainsi que de l’instauration de taxes sur les superprofits des entreprises qui alimentent l’inflation.



Les données de la Banque centrale européenne montrent en effet que ce sont les superprofits – et non les salaires – qui sont les principaux responsables de l’inflation.



Esther Lynch, Secrétaire générale de la CES :



« Le début d’une nouvelle année scolaire est toujours financièrement difficile pour de nombreuses familles et cette année en particulier en raison de l’inflation. »



« Les réductions des budgets scolaires représentent déjà une charge supplémentaire pour les parents mais, aujourd’hui, les augmentations du coût des fournitures scolaires de base feront qu’un nombre accru d’enfants seront privés d’éléments essentiels à l’apprentissage. »



« Tolérer que la pauvreté infantile continue de progresser est un désastre annoncé pour notre société et notre économie. »

« Les gens ont désespérément besoin d’une augmentation salariale pour répondre au coût de la vie d’autant que toutes les données montrent que l’inflation est alimentée par les superprofits, pas par les salaires. »



« Outre un soutien ciblé pour venir en aide aux parents, les gouvernements doivent également agir pour soutenir le droit à la négociation collective de telle sorte que les travailleurs bénéficient d’une juste part des profits qu’ils contribuent à créer. »



Notes



Taux d’inflation des coûts scolaires :

https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/PRC_HICP_MANR__custom_7246775/default/table



Rémunération nominale par salarié (base de données AMECO) :

https://dashboard.tech.ec.europa.eu/qs_digit_dashboard_mt/public/sense/app/667e9fba-eea7-4d17-abf0-ef20f6994336/sheet/f38b3b42-402c-44a8-9264-9d422233add2/state/analysis/

 

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04.09.2023
Communiqué de presse