Réduction du nombre de pompiers dans 12 pays de l'UE malgré l'augmentation des risques climatiques

Le nombre de pompiers a été réduit dans une douzaine d'États membres de l'UE l'année dernière, malgré l'augmentation du risque d'incendies causée par le changement climatique, selon une analyse des nouvelles données de l'UE réalisée par la Confédération européenne des syndicats (CES). 

Les chiffres d' Eurostat publiés aujourd'hui montrent qu'il y avait 362 400 pompiers dans l'UE en 2023, soit une augmentation de 3 200 par rapport à l'année précédente. 

Cependant, derrière ce chiffre global se cachent des réductions inquiétantes des services d'incendie dans 12 Etats membres - la majorité des pays pour lesquels Eurostat a publié des chiffres. 

Il s'agit notamment de pays qui ont connu d'énormes incendies de forêt en 2023, comme la Grèce, l'Italie et Chypre. Ces réductions ont également coïncidé avec la deuxième année la plus chaude de l'histoire de l'Europe. 

Tableau 1 : États membres où le nombre de pompiers a été réduit entre 2022 et 2023

  2022 2023 Changement réel Pourcentage de changement
Allemagne 64.869 61,700 -3,170 -4.8
Estonie 3.020 2,700 -320 -10.6
Grèce 18.741 16,200 -2,540 -13.5
Italie 41.444 37,200 -4,240 -10.2
Chypre 1.961 1,400 -560 -28.6
Lituanie 4.612 2,300 -2,010 -50.1
Hongrie 10.062 8,400 -1,660 -16.5
Pays-Bas 5.999 4,900 -1,100 -18.3
Roumanie 24.736 21,900 -2,840 -11.5
Slovénie 1.499 1,200 -300 -20
Finlande 4.722 3,400 -1,320 -28
Suède 8.910 7,000 -1,910 -21.4


Source : Enquête sur les forces de travail 2024 et Enquête sur les forces de travail 2023 Enquête sur les forces de travail 2024 et Enquête sur les forces de travail 2023

Le nombre de pompiers a été réduit pour la deuxième année consécutive en Allemagne, en Hongrie, en Roumanie et en Suède.

La CES appelle l'UE et les Etats membres à ne pas aggraver la situation en revenant à l'austérité.

La Commission européenne a récemment annoncé qu'elle ouvrait une " procédure de déficit excessif " pour un quart des Etats membres, ce qui risque de les pousser à de nouvelles réductions de dépenses. 

Au lieu de cela, l'UE devrait investir dans une transition juste vers une économie verte, qui nous permettrait de lutter contre le changement climatique tout en créant des emplois de qualité et en finançant correctement nos services publics. 

Réagissant à ces conclusions, Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, a déclaré :

" Réduire le nombre de pompiers à un moment où la crise climatique augmente le risque d'incendies n'est pas nécessaire et est irresponsable. 

"Ces réductions mettent en danger la sécurité du public, notre environnement et les pompiers restants, qui doivent maintenant s'attaquer à des incendies plus fréquents et plus graves avec moins de ressources et moins de repos. 

"Les dirigeants européens ne peuvent pas prétendre vouloir protéger l'Europe contre le risque accru d'incendie tout en poussant les pays à adopter des mesures d'austérité qui laissent les services publics en sous-effectif. 

"La crise climatique exige que nous augmentions les investissements publics pour financer correctement nos services et mettre en place une économie verte qui crée des emplois de qualité.

Le secrétaire général de la FSESP, Jan Willem Goudriaan, a déclaré :

"Réduire le nombre de pompiers à un moment critique, alors que le changement climatique augmente le nombre d'incendies, c'est mettre la main-d'œuvre en danger. 

"Aujourd'hui, les pompiers sont confrontés à des incendies de forêt même en hiver, comme en Suède. C'est du jamais vu. 

"L'exposition aux PFAS a considérablement augmenté et pourtant, malgré les promesses de renforcement de la main-d'œuvre, nous constatons le contraire. 

"L'augmentation récente des incendies et des inondations en Europe n'est pas seulement une catastrophe naturelle, mais a été causée par l'homme. 

"Les gouvernements font en sorte qu'il soit impossible de contenir ou d'arrêter ces catastrophes en réduisant considérablement les effectifs, ce qui entraîne à la fois une exposition accrue pour les quelques pompiers qui travaillent et une augmentation des risques psychosociaux.