Le mouvement syndical européen tire la sonnette d'alarme face aux propositions présentées pour la réserve de talents de l'UE. Cette proposition donnerait le feu vert aux requins du recrutement qui utilisent des méthodes d'exploitation.
Dans une lettre conjointe détaillée envoyée aux ministres de l'emploi et des affaires sociales des États membres, les syndicats représentant plus de 45 millions de travailleurs fustigent la proposition. "La proposition relative à la réserve de talents rend les chaînes de sous-traitance plus toxiques en y intégrant davantage d'intermédiaires en recrutement de main-d'œuvre, au lieu de les réglementer", peut-on lire dans la lettre.
Aucun critère n'est prévu pour responsabiliser les employeurs de travailleurs migrants, car la proposition "ne fixe aucune condition d'honorabilité des recruteurs, aucune procédure de sélection, aucune exclusion de la réserve en cas de mauvaise conduite". Cela ouvrira la porte à une course vers le bas pour les conditions de ces travailleurs et encouragera également le recours à une main-d'œuvre bon marché toujours plus exploitée, aux dépens de tous les travailleurs.
Parmi les cinq lacunes structurelles de la proposition actuelle de réserve de talents, les syndicats soulignent qu'elle ne fait rien pour freiner le "faux détachement", une pratique de plus en plus courante qui consiste à contourner les exigences légales en matière de détachement transfrontalier de travailleurs.
Les syndicats concluent en proposant d'autres utilisations pour le budget de 127 millions d'euros, notamment en investissant dans l'application de la législation afin de prévenir l'emploi précaire et de lutter contre l'exploitation du travail, la fraude et le dumping social.