Bruxelles, 02/06/2008
« Le paquet climat proposé par la Commission pour 2020, et en particulier les mesures relatives aux biocarburants et aux émissions industrielles, laisse la voie ouverte à une externalisation des émissions de CO2 en dehors de l’Union européenne », estime John Monks. Ce qui pose un sérieux problème pour la crédibilité des engagements de l’UE en matière climatique et pour le développement durable.
Pour satisfaire à l’objectif contraignant de 10% de biocarburants en 2020, l’Union européenne sera contrainte de recourir aux importations de biocarburants, alors même qu’elle n’offre pas de garanties sur leur bilan environnemental global ou les conditions sociales dans lesquelles ils sont produits, sans parler des répercussions sur les prix des biens alimentaires ou sur les populations locales. « Il n’est pas acceptable que pour se conformer à de nouvelles normes européennes, des forêts tropicales soient défrichées, ni que les droits fondamentaux des travailleurs soient violés dans les plantations de canne à sucre ou de palmier à huile servant à la production de biocarburants» , a déclaré John Monks.
John Monks a abordé également le problème des délocalisations dans les secteurs intensifs en énergie (sidérurgie, ciment, aluminium, etc…) : « Le risque existe que, au-delà d’un certain prix du CO2, les industries fortement consommatrices d’énergie et largement internationalisées tentent d’échapper à la réglementation européenne sur le CO2 en accroissant leurs investissements dans les pays qui ne sont pas soumis à des réglementations similaires».
L’étude réalisée par la CES en 2007 montre que l’externalisation de la production intensive en CO2 hors d’Europe est déjà en train de se produire, même s’il s’agit d’une évolution graduelle, donc invisible. Une tendance confirmée par l’étude de la Banque mondiale en 2007 sur le commerce international et le changement climatique.
Pour la CES, atteindre les engagements de l’UE en matière de réduction d’émissions de manière soutenable exige :
- l’introduction d’exigences minimales garantissant que les conditions de production des biocarburants dans le monde et en Europe soient socialement acceptables et ne compromette pas la sécurité alimentaire, accompagnées de procédures de vérifications par des auditeurs indépendants. Ces exigences doivent se fonder sur les normes fondamentales du travail;
- un renforcement des critères environnementaux s’appliquant aux biocarburants, en particulier en matière d’économie de CO2, de biodiversité et de déforestation;
- l’élimination des incitations à la délocalisation contenues dans le système d’échange des quotas d’émissions (ETS) par l’introduction d’un mécanisme de compensation aux frontières.