Bruxelels, 13/12/2011
La Conférence de Durban s’est achevée par un accord qui a – pour l’instant ! - sauvé le processus du multilatéralisme mais pas réellement le climat. Car on est encore loin des mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de limiter le réchauffement climatique à maximum 2°C, même si des pas ont été faits dans la bonne direction.
Or, chaque année perdue augmente d’avantage la facture climatique et reporte cette charge croissante sur les générations futures. De plus, même si les changements climatiques sont un problème global, planétaire, ils touchent d’abord les plus démunis, les pays du Sud qui sont les plus exposés, mais aussi les travailleurs et les plus défavorisés.
L’ Europe, contrairement à d’autres pays industrialisés (dont le Canada qui, de manière déplorable, se retire du Protocole de Kyoto), a assumé ses responsabilités à Durban, en acceptant de poursuivre la réduction de ses émissions de CO2 dans un cadre juridiquement contraignant qui ne concernera toutefois que 16% des émissions mondiales !
La CES tient à féliciter l’Union européenne pour ses positions à Durban et pour les engagements qu’elle y a pris, car ceux-ci étaient meilleurs que ceux de bien d'autres pays développés. Toutefois, la CES souligne que ces engagements, qui représentent en fait le "business as usual", ne sont pas encore assez ambitieux par rapport à ce que recommandent les scientifiques.
La CES attend maintenant de l’Union européenne qu’elle ait des ambitions plus élevées, en ligne avec les recommandations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Elle réitère son appel à adopter rapidement « un nouveau deal durable pour l’Europe », encourageant simultanément l’adoption de politiques publiques actives et volontaires et la promotion des investissements en faveur de l’efficacité énergétique et de l’utilisation efficace des ressources, créant et préservant des emplois de qualité en Europe. Cela, tout en intégrant dans tous les accords commerciaux, comme la CES l’a toujours demandé, un chapitre fort et contraignant incluant le nécessaire respect de normes environnementales et sociales.
La CES demande également que l’Union européenne formule, en collaboration avec les syndicats, une feuille de route européenne sur la juste transition pour mettre en œuvre ces engagements européens : promotion active du dialogue social à tous les niveaux, feuilles de route sectorielles incluant des stratégies en matière d’emploi, d’éducation et de formation, instruments d’anticipation des changements et des restructurations, promotion de systèmes de protection sociale forts et efficaces, et respect des droits humains et du travail.
Pour la CES, la mise en œuvre des engagements de l’UE à Durban ne peuvent être laissés au marché ou au hasard. La transition vers une économie bas carbone se doit d’être bien gérée sur tous les plans, y compris sur le plan social, ce qui suppose de rassembler toutes les conditions d’une transition juste en faveur de laquelle elle plaide avec le mouvement syndical international depuis des années, et que tous les États signataires ont reconnu être une nécessité déjà dans l’accord de Cancun de 2010.