Hausse des profits, chute des salaires

Selon une nouvelle étude de la CES sur la crise du coût de la vie, les salaires réels sont en baisse alors que les profits réels des entreprises continuent de grimper dans près de la moitié des États membres de l’UE.



Les salaires réels, c.-à-d. les revenus après inflation, ont chuté jusqu’à 9% cette année dans tous les États membres.



En même temps, dans 13 États membres, les profits des entreprises ont augmenté jusqu’à 6,5% en termes réels par rapport à l’année dernière.



Sur l’ensemble de l’UE, les profits réels ont connu une hausse de près de 1%  tandis que les salaires réels ont chuté de 2,5%.



13 États membres de l’UE où les salaires réels diminuent malgré la hausse des profits

 

  Evolution de l’excédent d’exploitation brut réel en 2022 (%)       Evolution du salaire réel par employé en 2022 (%)
Tchéquie     0,2 -9,2
Slovénie 0,5 -2,3
Chypre 0,7 -1,4
Italie 0,8 -2,1
Finlande 1,8 -1,3
Croatie 2,1 -3,1
Espagne 2,7 -3
Suède 3,6 -3
Irlande 3,9 -2,3
Lettonie 5,6 -4
Pologne 6,3 -2,1
Portugal 6,4 -0,2
Roumanie 6,5 -0,6
UE 0,8 -2,5

Source : base de données AMECO de l’UE



L’étude confirme que ce sont les travailleurs qui sont les premières victimes de cette crise et que ce sont les profits des entreprises – pas les salaires – qui alimentent l’inflation.



Les résultats de cette étude interviennent après que la CES ait lancé cette semaine devant le Parlement européen à Strasbourg une campagne à l’échelle de l’UE visant à mettre fin à la crise du coût de la vie.



La campagne s’adresse aux autorités européennes et aux gouvernements nationaux pour qu’ils interviennent en faveur :

  • d’augmentations salariales pour répondre à l’augmentation du coût de la vie ;
  • d’un plafonnement des prix de l’énergie ;
  • d’une taxe sur les surprofits ;
  • d’une limitation des paiements de dividendes.

La CES a déjà montré que les dividendes augmentent sept fois plus vite que les salaires.

 

Esther Lynch, Secrétaire générale adjointe de la CES :



« Cette crise du coût de la vie touche les travailleurs mais se révèle être une véritable aubaine pour de nombreuses entreprises. »



« Les chiffres montrent clairement que ce sont les travailleurs qui sont les premières victimes de la hausse de l’inflation alimentée par la poursuite effrénée de profits favorisée par les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement dus à la pandémie et à la guerre en Ukraine. »



« Il en résulte que de nombreuses personnes sont aujourd’hui incapables de faire face au coût de besoins essentiels tels que les produits alimentaires, le loyer ou le chauffage malgré qu’elles travaillent de longues heures pendant que les entreprises augmentent les paiements à leurs actionnaires. »



« Il est évident que les entreprises doivent équitablement partager les profits avec les travailleurs qui les génèrent. Les gouvernements devraient quant à eux instaurer un impôt sur les bénéfices exceptionnels pour financer le soutien à celles et ceux qui sont les plus affectés par la crise du coût de la vie. »



Nancy Seutin, aide ménagère en Belgique :



« Il faut choisir quelles factures payer. Le logement est bien sûr prioritaire au risque de se retrouver à la rue. Viennent ensuite le chauffage et l’essence pour la voiture pour me rendre au travail. De nombreux collègues ont fait le choix de ne pas chauffer leur maison cet hiver. »



« Pour ce qui concerne la nourriture, ici aussi c’est très difficile. Les produits alimentaires de base sont pratiquement inabordables mais il faut choisir. Ce pouvait parfois être un petit article de luxe mais c’est devenu de plus en plus rare. Il faut donc faire avec ce qu’on a mais il est impossible pour moi de tout payer. »



« Les entreprises qui nous facturent l’énergie font d’énormes profits et ne se soucient absolument pas de notre bien-être. C’est une chose dont il faut parler. Il est important d’agir car nous ne pouvons tout simplement pas vivre avec 1.000 euros par mois. »



Notes



Données complètes : lien fichier Excel