La Confédération européenne des syndicats (CES) est profondément attristée d'apprendre le décès d'Emilio Gabaglio, l'un de ses pères fondateurs et l'un de ses plus anciens dirigeants.
Né dans une famille ouvrière en 1937, Emilio Gabaglio a étudié l'économie à Milan avant de retourner dans sa ville natale de Côme pour commencer sa vie professionnelle en tant que professeur d'école secondaire. Pendant cette période, il a rejoint la Confédération italienne des syndicats (CISL) et s'est hissé à la tête de son département international.
À ce titre, il participe à la création de la CES dans les années 1970 et voyage à travers l'Europe et le monde pour soutenir les syndicalistes qui luttent contre l'oppression. Il a assisté au congrès des syndicats interdits pendant la dictature franquiste en Espagne, a fait partie d'une délégation en Pologne en août 1980 pour soutenir le mouvement Solidarnosc récemment créé, et s'est rendu au Chili et au Brésil pour soutenir les travailleurs contre les régimes militaires.
Ces expériences ont fait de lui le candidat idéal pour devenir le troisième secrétaire général de la CES en 1991. Sous sa direction, la CES a élaboré une vision de l'Europe sociale afin de garantir que "l'Union européenne ne soit pas simplement une construction économique". C'est, selon lui, "ce qui nous distinguera des États-Unis".
Cet engagement, qu'il partageait avec Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, a débouché sur une législation historique en faveur des travailleurs, comme la directive sur le temps de travail. Européen convaincu, il a signé l'accord inscrivant le dialogue social dans les traités européens, ce qui reste l'une de ses plus grandes fiertés.
Mais il était également prêt à passer de la table des négociations à la rue lorsque cela s'avérait nécessaire. Sous la direction de M. Gabaglio, la CES a organisé une euro-manifestation et une journée d'action pour l'emploi et l'Europe sociale en 1993. Plus d'un million de travailleurs y ont participé à Bruxelles et dans 150 autres lieux, ce qui en a fait la plus grande mobilisation de l'histoire de la CES.
L'organisation s'est rapidement développée sous la direction de Gabaglio, qui a été réélu à deux reprises. Les nouveaux membres viennent de toutes les traditions syndicales et de toutes les régions d'Europe. En mai 1994, il conduit une délégation pour célébrer la journée internationale des travailleurs à Sarajevo, alors que la ville est assiégée. "Je ne me souviens pas d'un seul mot du discours que j'ai prononcé", dit-il, "mais je n'oublierai jamais les visages en face de moi, pleins de détermination et d'espoir".
Cet acte témoigne de son humanité intrinsèque et de sa détermination à vivre les valeurs du mouvement qu'il dirigeait. Il a continué à se rendre disponible pour conseiller la direction de la CES jusqu'à la fin et nous avancerons plus fort vers une Europe sociale grâce à sa sagesse et à son héritage.
