À l'occasion de la Journée mondiale du travail décent, des syndicats de toute l'Europe organisent aujourd'hui une action de rue symbolique et une manifestation de haut niveau à Vienne pour demander à l'Union européenne d'agir afin de garantir à chaque travailleur un emploi sûr, bien rémunéré et sécurisé.
Des syndicalistes de tout le continent se rassemblent pour envoyer un message fort à la Commission européenne : sa future loi sur les emplois de qualité doit tenir ses promesses.
Le programme d'événements est organisé par la Confédération européenne des syndicats (CES) pour marquer la journée mondiale d'action pour le travail décent, qui a lieu le 7 octobre de chaque année depuis 2008.
Cette journée intervient à un moment où les travailleurs faiblement rémunérés consacrent au moins un tiers de leur salaire au loyer dans la plupart des États membres de l'UE, où 10 millions de personnes supplémentaires n'ont pas les moyens de chauffer correctement leur logement bien qu'elles aient un emploi, et où les dirigeants des plus grandes entreprises européennes se paient 110 fois plus que le travailleur moyen.
Selon la CES, la loi sur les emplois de qualité, qui doit être présentée par la Commission européenne le 1er décembre, doit introduire des initiatives législatives qui répondent aux défis auxquels les travailleurs sont confrontés, notamment par les moyens suivants
- L'investissement dans des emplois de qualité où les travailleurs sont couverts par des conventions collectives et où les contrats publics dépendent du respect des conventions collectives.
- La directive "Just Transition" : Une loi de l'UE pour garantir que les changements dans l'économie se font à travers une planification proactive et l'implication des travailleurs - et non des licenciements chaotiques.
- Gestion de l'IA et des algorithmes sur le lieu de travail : Une directive qui garantit que les systèmes d'IA au travail respectent le principe du "contrôle humain" et travaillent de manière transparente, dans le respect des droits des travailleurs.
- Protection contre le stress et l'épuisement professionnel : Directive européenne sur les risques psychosociaux qui garantit des protections contre les risques psychosociaux, le harcèlement en ligne, et fait respecter le droit à la déconnexion.
- Limites de la sous-traitance : Les intermédiaires du travail doivent être réglementés et il doit y avoir une responsabilité conjointe et solidaire tout au long de la chaîne de sous-traitance.
Wolfgang Katzian, président de la CES, a déclaré :
"Le travail décent est la base sur laquelle les gens peuvent construire une vie décente, c'est la base des sociétés cohésives, et c'est la base de toutes les réussites économiques de l'Europe.
"Mais aujourd'hui, trop de personnes en Europe ne sont pas suffisamment payées pour s'offrir les produits de base de la vie, sont privées de leurs droits en raison d'un travail indépendant forcé ou sont exploitées par des patrons qui se cachent derrière des chaînes de sous-traitance.
"La loi sur les emplois de qualité promise par la Commission est on ne peut plus urgente et doit apporter de réelles améliorations à la vie des travailleurs. Garantir à chaque travailleur, dans chaque secteur et dans chaque région, un emploi de qualité est le meilleur moyen de garantir la compétitivité, tout en construisant et en renforçant le modèle social européen".
S'exprimant à Vienne, Tea Jarc, secrétaire confédérale de la CES, a déclaré :
"La situation est source de misère pour des millions de personnes et nuit à l'économie européenne à un moment crucial en provoquant des pénuries de main-d'œuvre. Nous demandons à la Commission von der Leyen d'agir en faveur des travailleurs.
"L'Europe ne peut pas se permettre une nouvelle vague de déréglementation et d'austérité. Faire reculer les protections des travailleurs au nom de la compétitivité est une impasse. Cela affaiblit nos fondements sociaux, alimente les inégalités et érode la confiance dans la démocratie. L'UE doit cesser de démanteler les droits et commencer à tenir sa promesse d'un travail décent, sûr et équitable pour tous.
"Les travailleurs européens supportent déjà le poids des transitions verte et numérique, tout en étant confrontés à des risques psychosociaux croissants, à l'épuisement professionnel et à l'insécurité sur les marchés du travail modernes. La Commission européenne ne peut plus attendre. La feuille de route pour des emplois de qualité doit offrir des protections concrètes, qu'il s'agisse de lieux de travail sûrs, de contrats équitables, d'une limitation des chaînes de sous-traitance ou d'une véritable limitation de la gestion algorithmique. Les travailleurs méritent la sécurité et la dignité dans l'avenir du travail, et non une incertitude sans fin."