Les rapports par pays répondent-ils aux promesses de Juncker d'une UEM plus équitable ?

Les rapports par pays de la Commission européenne, qui doivent être publiés aujourd’hui, sont un test de son engagement en faveur :

  • d’une Union économique et monétaire plus équitable (un élément clé du programme du Président Juncker) ;
  • de l’implication des syndicats et des employeurs dans le processus du semestre économique (un élément clé de la relance du dialogue social par la Commission en mars 2015).

La Confédération européenne des syndicats (CES) et ses membres nationaux participent activement au Semestre européen et ont présenté des recommandations pour les rapports par pays pour chaque État membre.

« Si le Président Juncker veut vraiment une Europe plus équitable, cela doit être reflété dans l’orientation de la politique économique de la Commission », a déclaré Veronica Nilsson, Secrétaire générale adjointe de la CES. « Nous attendons des rapports par pays qu’ils reconnaissent la nécessité d’une augmentation salariale et qu’ils dénoncent les contrats précaires, les inégalités croissantes et le manque d’investissements, en particulier en matière de compétences. »

Cette année, les rapports par pays doivent tenir compte de l’importance de politiques destinées à :

Stimuler l’emploi en :

  • s’attaquant au chômage de longue durée et des jeunes en particulier ;
  • investissant de nouveaux moyens dans les compétences et des services pour l’emploi plus efficaces.

Promouvoir les emplois de qualité et les salaires décents par :

  • des contrats de travail stables et fiables ;
  • l’augmentation du salaire minimum à hauteur de 60% du salaire (médian) moyen ;
  • une négociation collective revitalisée.

Accroître l’équité sociale par :

  • la réduction de la pauvreté à travers des transferts sociaux universels ;
  • des régimes de pensions plus équitables et soutenables et l’implication des partenaires sociaux dans les réformes ;
  • une application flexible des règles relatives aux déficits concernant les investissements sociaux, y compris pour faire face à l’afflux de réfugiés ;
  • davantage de progressivité de l’impôt.

S’agissant de rapports par pays particuliers, la Commission européenne doit veiller à :

Espagne

  • insister sur la nécessité d’augmenter les salaires en restaurant la négociation collective et en relevant le salaire minimum ;
  • aborder la question du niveau élevé de travail précaire (en particulier le recours abusif aux contrats à durée déterminée et au travail à temps partiel involontaire) et encourager des contrats de travail plus stables et plus sûrs ;
  • réclamer un plan détaillé destiné à stimuler l’emploi ;
  • recommander la relance des investissements sociaux dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre.

Italie

  • appeler à une offensive en faveur des compétences ;
  • reconnaître que 1,3 million de nouveaux contrats à durée indéterminée sont en danger sans une reprise de la croissance ;
  • recommander une réforme pour que 4 millions de travailleurs bénéficient de contrats plus fiables et plus stables ;
  • promouvoir des politiques nouvelles pour venir en aide aux chômeurs de longue durée et démotivés.

Allemagne

  • reconnaître que 3 millions de travailleurs payés au salaire minimum présentent un risque de déqualification ;
  • reconnaître que l’augmentation des emplois à bas salaires et l’écart salarial entre hommes et femmes accroissent le risque de pauvreté chez les pensionnés ;
  • proposer d’importants investissements publics supplémentaires, en particulier dans les infrastructures et les compétences ;
  • évaluer l’impact des réfugiés sur les finances publiques et le marché du travail.

Pologne

  • appeler à l’action pour améliorer les conditions de vie de 2,8 millions de personnes vivant dans une extrême pauvreté et de 6,2 millions d’autres vivant dans une relative pauvreté ;
  • mettre fin au recours abusif aux contrats de travail à durée déterminée et exiger l’application du droit civil en matière de contrats d’emploi ;
  • proposer que les augmentations salariales correspondent à l’augmentation de la productivité (la productivité de la main-d’œuvre a augmenté de 20% de plus que les salaires).

Croatie

  • demander un transfert d’emplois temporaires vers des contrats plus permanents (1 travailleur sur 4 est sous contrat temporaire et le nombre de travailleurs intérimaires a augmenté de 32% en 5 ans) ;
  • mettre fin au retard systématique du paiement des salaires : près de 25.000 travailleurs n’ont plus été payés depuis plus de trois mois. Ce problème concerne plus de 7.000 employeurs.

Bulgarie

  • appeler à une augmentation progressive du salaire minimum le plus bas d’Europe (qui s’élève à 180 € et représente à peine 42% du salaire moyen) pour atteindre 60% du salaire (médian) moyen ;
  • faciliter la négociation collective pour augmenter les salaires au bénéfice de l’économie bulgare.