La CES soutient les appels des syndicats belges en faveur des migrants sans papiers pour que des permis de travail leur soient octroyés et ainsi mettre fin à la grève de la faim de plus de 400 personnes à Bruxelles.
Ces migrants sans papier, dont un grand nombre ont été forcés de travailler dans l’économie souterraine durant près de dix ans, ont commencé leur action le 23 mai pour appuyer leur demande de régularisation. Leur état de santé se détériore rapidement alors que leur grève de la faim entre dans sa quatrième semaine.
Les syndicats FGTB et CSC ont, avec plusieurs organisations patronales belges, proposé aujourd’hui que le gouvernement leur accorde des permis de travail pour des métiers en pénurie. Dans un éditorial commun publié dans le journal La Libre, ils déclarent :
« Les employeurs de Bruxelles, mais aussi de Flandre et de Wallonie, recherchent désespérément des électriciens, des plombiers, des boulangers, des tailleurs de pierre, des chauffeurs de camion et des infirmières. La crise du Covid a ajouté des pénuries aiguës à des secteurs qui étaient déjà confrontés à des pénuries structurelles de main-d'œuvre. »
Le même jour, la CES et les organisations patronales européennes ont rencontré la Commission européenne et demandé avec insistance que de meilleures protections en faveur des travailleurs sans papiers soient introduites dans la directive relative aux sanctions à l'encontre des employeurs.
Cette demande fait suite à un rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne sur la mise en œuvre de la directive indiquant que certains États membres ne prennent pas de mesures suffisantes pour mettre fin à l’exploitation et concluant que « Les travailleurs ignorent leurs droits ou la manière de les revendiquer et, même lorsqu’ils les connaissent, ils peuvent encore s’en voir privés. »
La CES a appelé la Commission à faire en sorte que les employeurs qui exploitent des migrants sans papiers soient soumis à des sanctions appropriées, que les travailleurs puissent signaler des violations de leurs droits sans crainte d’être déportés, qu’ils soient correctement dédommagés lorsqu’ils n’ont pas été payés et qu’un permis de séjour leur soit accordé.
Le Secrétaire confédéral de la CES, Ludovic Voet, a déclaré :
« La grève de la faim qui se poursuit à Bruxelles est d’abord et surtout une question de droits humains de travailleurs sans papiers demandant à être respectés. Ils vivent ici depuis des années, et parfois des décennies, leurs enfants vont à l’école avec les nôtres mais ils vivent dans la crainte d’être arrêtés et déportés et travaillent pour 3 à 5 euros de l’heure. »
« Ils sont cuisiniers, boulangers, mécaniciens, serveurs, agents d’entretien ou travaillent dans l’agriculture, la construction, les soins aux personnes ou encore comme employés de maison. Ils ne peuvent même pas se plaindre d’être sous-payés voire, pire encore dans le cas des travailleuses sans papiers, d’être victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle, parce qu’ils ou elles perdraient leur emploi et risqueraient la déportation. »
« Le gouvernement belge doit faire preuve d’un minimum d’humanité et travailler avec les syndicats et les employeurs sur les solutions pratiques présentées pour mettre fin à cette grève avant que quelqu’un ne meure. Nous avons besoin, partout en Europe, d’un changement radical en matière de politique migratoire pour empêcher des employeurs sans scrupules d’utiliser des personnes vulnérables comme main-d’œuvre bon marché et offrir à ces personnes des voies de migration légales leur permettant de vivre et de travailler. »
« La régularisation contribue à ce que les salaires et les conditions de travail tant des travailleurs migrants que des travailleurs locaux ne soient plus bradés. Les seuls perdants de la régularisation sont les employeurs voyous et les politiciens racistes. »