L’austérité ne fonctionne pas ; il est urgent d’ouvrir une nouvelle voie pour l’Europe. C’est l’avertissement lancé aujourd’hui à Bruxelles par les dirigeants syndicaux lors d’un sommet syndical sans précédent.
« Au cours des cinq dernières années, les salaires réels ont chuté dans la plupart des pays de l’UE », affirme Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES).
Depuis 2009, les salaires réels (ajustés en fonction de l’inflation et sans tenir compte de l’augmentation des impôts directs) ont diminué dans 18 des 28 États membres – de 23% en Grèce, de 12% en Hongrie, de plus de 6% en Espagne et au Portugal et de plus de 4% aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
Et Madame Ségol d’ajouter : « L’austérité ne fonctionne pas, l’Europe a besoin d’une nouvelle voie. Elle a besoin d’investissements pour créer des emplois. »
La CES estime que 250 milliards d’euros sur 10 ans pourraient générer 11 millions de nouveaux emplois ; un investissement qui ne représente qu’un quart de ce qui a été dépensé pour sauver les banques et un quart de ce qui est perdu chaque année en raison de l’évasion et de la fraude fiscales.
La CES souligne le fait que :
- Plus de 26 millions d’Européens sont sans emploi – 10 millions de plus qu’en 2008 ;
- 7,5 millions de jeunes ne travaillent pas, ne suivent pas d’études ou de formation.
Prenant la parole lors du sommet syndical, Madame Ségol a encore déclaré : « Demain, le Conseil européen discutera de politiques économique, industrielle et énergétique. Ces politiques pourraient relancer la croissance. Mais elles n’y parviendront pas parce que la politique industrielle ne dispose pas d’instruments pour créer des emplois, la politique énergétique manque d’ambition et la politique économique est basée sur l’austérité et la déréglementation. Ce sont de mauvaises politiques. »
A ces commentaires s’ajoute une mise en garde: « Avec les politiques d’austérité actuelles, l’Europe est face à une décennie et à une génération perdues – perdues pour cause de chômage, de migration et de désespoir. »
Le message syndical sera remis personnellement par la Secrétaire générale de la CES et d’autres dirigeants syndicaux au Président de la Commission européenne, au Conseil européen et à la Présidence du Conseil qu’ils rencontreront demain matin lors du Sommet social tripartite juste avant la réunion du Conseil européen.