Une nouvelle étude de la Confédération européenne des syndicats (CES) révèle que le salaire des travailleurs européens continue de baisser en termes réels alors que les entreprises enregistrent des bénéfices supérieurs à l’inflation.
Si l’on tient compte de l’inflation, la valeur des salaires a chuté cette année partout dans l’Union européenne. En revanche, les bénéfices des entreprises ont augmenté de près de 2% en termes réels.
Les salaires réels ont diminué mais les bénéfices réels ont progressé dans neuf États membres, y compris en Allemagne, en France et en Italie. Dans 10 autres États membres, les augmentations des bénéfices réels ont été supérieures aux augmentations des salaires réels.
Les augmentations des bénéfices réels les plus importantes ont été enregistrées en Slovaquie (+8%) et en Roumanie (+7%) où la croissance des salaires réels a été négative. Les plus fortes diminutions des salaires réels sont intervenues en Tchéquie (-5%) et en Italie (-2%) où les bénéfices réels ont augmenté.
États membres où les salaires réels ont diminué malgré une augmentation des bénéfices réels
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Evolution des salaires réels 2023 (%) |
Evolution des bénéfices réels 2023 (%) |
Tchéquie |
-4,6 |
5,4 |
Allemagne |
-1,3 |
1 |
Grèce |
-0,2 |
5,9 |
France |
-0,2 |
1,4 |
Italie |
-2,3 |
1,3 |
Roumanie |
-0,2 |
6,9 |
Slovaquie |
-1,1 |
7,9 |
Finlande |
-0,3 |
0,1 |
Suède |
-1,9 |
0,1 |
UE |
-0,7 |
1,5 |
Zone euro |
-0,2 |
1,9 |
La CES publie cette étude en préalable au lancement de son manifeste pour les élections européennes, « Offrir un accord équitable pour les travailleurs », qui aura lieu au Parlement européen mercredi après-midi.
Les chiffres montrent une nouvelle fois la manière dont les travailleurs doivent continuer à payer le prix d’une crise de l’inflation causée avant tout par des entreprises qui profitent de problèmes d’approvisionnement pour augmenter leurs marges bénéficiaires.
Dans l’ensemble de l’UE, la part des bénéfices a augmenté de 4% depuis le début de la pandémie tandis que les paiements des dividendes aux actionnaires ont progressé jusqu’à 13 fois plus rapidement que les salaires.
En même temps, la pauvreté infantile a augmenté pour la troisième année consécutive au sein de l’UE alors que le prix des produits alimentaires les plus élémentaires continue de croître jusqu’à sept fois plus vite que les salaires.
Le manifeste de la CES pour les élections européennes appelle les responsables politiques à soutenir les politiques suivantes :
- Des taxes sur les bénéfices exceptionnels qui ont alimenté l’inflation ;
- Une révision des directives en matière de marchés publics conditionnant l’accès des entreprises à un financement public au respect du droit à des salaires négociés collectivement ;
- Une transposition ambitieuse au niveau national de la directive sur les salaires minimaux adéquats visant 80% de couverture de la négociation collective dans chaque État membre.
La Secrétaire générale de la CES Esther Lynch a déclaré :
« Depuis la pandémie, le paquet salarial des travailleurs européens a été réduit alors que les bénéfices des entreprises ont considérablement augmenté. »
« Dirigeants et actionnaires se sont enrichis pendant que les personnes travaillant dur de longues heures dans des emplois pénibles devaient se battre pour nourrir leurs familles et chauffer leurs maisons. »
« Et pourtant, de nombreux responsables politiques font payer le prix de cette crise aux travailleurs. »
« Les élections européennes doivent marquer un tournant. Il est temps que les politiques qui s’attaquent à la cause première de cette crise – l’avidité des entreprises – offrent un accord équitable pour les travailleurs. »
« Nous en appelons aux partis démocratiques européens pour qu’ils fassent en sorte que l’extrême droite n’ait pas l’occasion d’exploiter la colère croissante. »
« La seule manière d’y parvenir est de proposer des solutions à la crise du coût de la vie et de commencer à bâtir une Europe reposant sur des emplois de qualité et un niveau de vie élevé pour tous. »
Notes
Manifeste de la CES pour les élections européennes
Sources : Base de données AMECO de la Commission européenne. Fichier Excel