La COP21 a fourni un accord universel qui jette les bases de l’action à long terme contre le changement climatique. La CES salue cet accord qui ponctue un processus de négociation long et difficile. Doter le monde d’un instrument global de lutte contre le changement climatique constitue un progrès politique majeur même si, comme nous le soulignons ci-dessous, le texte est à bien des égards moins ambitieux que ce que nous aurions souhaité.
La CES salue l’engagement collectif des pays à maintenir le réchauffement bien en deçà de 2°C au-dessus des températures de la période pré-industrielle et de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1.5°C au-dessus des températures de la période pré-industrielle. Fixer ces objectifs confirme clairement que l’économie mondiale amorce une nouvelle ère. Le principal message de cet accord multilatéral est en effet sans ambiguïté : réduire les émissions globales à zéro avant la fin de ce siècle doit désormais être l’ambition partagée de l’humanité.
La CES salue l’engagement des pays à communiquer tous les cinq ans leurs « contributions nationales » de manière à présenter les efforts entrepris pour réduire les émissions, étant entendu que l’ambition des objectifs proposés devra augmenter avec le temps. La CES espère que « le cadre de transparence » ansi que l’ « évaluation globale » contribueront à maintenir la pression politique sur les pays afin de rendre leurs efforts individuels davantage adaptés aux objectifs collectifs qu’ils se sont assignés. La CES attend également des Etats qu’ils augmentent avec le temps la transparence et la comparabilité de leurs contributions afin de mettre en place les conditions propices à un juste partage de l’effort entre toutes les économies.
La CES tient toutefois à exprimer ses préoccupations quant à quelques lacunes de l’Accord de Paris.
Premièrement, comme établi par le texte lui-même, il persiste un fossé inquiétant entre l’ambition collective d’une part, et l’effet agrégé des contributions individuelles de l’autre. Assigner au monde l’objectif de limiter le réchauffement à 1.5°C ne fait aucun sens si les contributions individuelles des Etats nous mènent vers un réchauffement de 3°C. Combler ce fossé doit être une priorité absolue pour les pays dans les prochaines années, notamment en s’attaquant aux sources d’émissions qui ne soint pas couvertes par l’Accord de Paris, comme celles provenant du transport aérien.
Deuxièmement, l’Accord de Paris reste très vague sur le financement. L’Accord de Paris proprement dit ne mentionne pas d’objectif quantifié ou de calendrier. La décision COP qui l’accompagne invite les pays développés à continuer la mobilisation de financement jusqu’en 2025, tout en postposant à 2025 au plus tard l’adoption d’un nouvel objectif quantifié au-delà du plancher de 100 milliards de dollars par an. Vu l’ampleur des défis ainsi que la rapidité des changements observés, particulièrement pour les pays vulnérables, attendre 2025 pour prendre une décision quant à une nouvelle trajectoire de financement est une source d’insatisfaction majeure. Les pays, qui sont en capacité de le faire, devraient urgemment et significativement augmenter la mise à disposition de ressources financières pour affronter le changement climatique et ses conséquences dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables.
Troisièmement, l’Accord de Paris ne comporte pas d’engagement des Etats à concevoir et mettre en œuvre leurs politiques climatiques dans le respect intégral des droits humains et en favorisant une transition juste ainsi que la création d’emplois décents et de qualité. La référence notamment aux droits de l’homme, à l’égalité de genre, à l’équité intergénérationnelle, et à la transition juste et au travail décent dans le préambule de l’Accord, représente une reconnaissance significative de l’importance de ces principes dans le contexte de l’action climat, mais cela ne suffit pas à garantir le large soutien populaire que nécessite la lutte contre le changement climatique sur le long terme. Affronter le changement climatique nécessite de changer la société, et cela ne peut être fait qu’en collaboration avec les gens, et pas au détriment de leurs droits.
L’Accord de Paris a maintenant défini le cadre d’action contre le changement climatique au niveau global pour le futur. Consciente des forces et faiblesses de celui-ci, la CES et ses affiliés vont travailler à transformer le succès politique de la COP 21 en un succès à long terme pour la planète et pour les travailleurs et les communautés auxquelles ils appartiennent. Dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, la CES continuera à défendre une transition juste vers une économie bas carbone qui maintient et crée des emplois de qualités, qui promeut la participation des travailleurs et le dialogue social, qui organise la formation des travailleurs, qui renforce les systèmes de protection sociale et qui respecte les droits des travailleurs.